Art. 125.
Le Professeur Alexandre CIAUDO a consacré dans le numéro 03 du JDA un article aux affaires des crèches de Noël. La LDH ne partage pas les analyses d’Alexandre CIAUDO et l’interprétation qu’il donne des arrêts du Conseil d ‘Etat. On pouvait s’en douter et au fond il n’y a dans cette confrontation d’idées que l’exercice normal du libre débat. Ce débat aurait pu avoir lieu si Alexandre CIAUDO ne l’avait pas placé sous les auspices d’une polémique déplacée. Proposant une lecture totalement déformée de l’action de la LDH, il en vient à affirmer que l’action de la LDH est « antichrétienne et proislamique », qu’elle défend « l’expression d’un islam radical », etc.
Politique l’action de la LDH ? Elle l’est depuis sa fondation et elle le revendique hautement. Défendre les droits de l’Homme, la laïcité, la justice sociale, ce sont bien des engagements politiques même si cela ne conduit pas l’association à participer aux pouvoirs exécutif et législatif. Et qu’est-ce qui justifierait que la LDH se taise, lorsqu’au second tour des élections, elle se prononce pour celui ou celle des candidats qui présente, du point de vue de la défense des droits, le meilleur rapport qualité/prix ?
Anti-chrétienne la LDH ? Non simplement laïque et cherchant à appliquer la loi de 1905, rien de plus mais rien de moins ; Et il faut faire preuve d’une singulière partialité pour ignorer les déclarations de maires qui justifient l’installation d’une crèche par les racines chrétiennes de la France…
Quant à considérer que la LDH serait anti-catholique en raison de ses actions contre les discriminations dont sont victimes les musulmans, est-ce que le Professeur CIAUDO se rend compte de ce que son propos implique ?
Visiblement, le professeur CIAUDO n’apprécie pas l’action de notre association, c’est son droit. Mais est-il nécessaire de recouvrer des oripeaux du débat juridique ce qui n’est qu’une charge qui marque les partis pris idéologiques de son auteur? Un seul exemple illustrera mon propos. Le Professeur CIAUDO écrit à propos de la décision du Conseil d’Etat, rendue à l’initiative de la LDH et mettant un terme à l’invraisemblable affaire des « burkinis » qu’il approuve cette décision mais qu’il s’interroge sur « l’opportunité de l’action contentieuse de la Ligue des droits de l’Homme ».. » au regard d’une action politique et non de la défense des droits de l’Homme, »….
On reste médusé devant un tel propos dont on aurait pu espérer qu’un professeur de droit public nous dispenserait. Ainsi la liberté d’aller et venir, de se vêtir, de ne pas acquiescer à une discrimination relève de la politique et non des droits ! Il semble bien que pour le Professeur CIAUDO l’étiquette Islam ou musulman soit génératrice d’aveuglement et c’est un euphémisme. Bref, Je laisse le Professeur CIAUDO chevaucher, seul, l’air du temps.
Françoise DUMONT
Présidente de la LDH
Vous pouvez citer cet article comme suit :
Journal du Droit Administratif (JDA), 2017, Art. 125.